5. Pyrgopolinices

Un TechnoprĂȘtre de l'Adeptus Mechanicus supervise la rĂ©activation d'un manufactorum d'un Monde-Forge. Des mĂ©chadendrites s'Ă©tendent depuis la figure encapuchonnĂ©e tandis qu'elle interagit avec un affichage hololithique vert lumineux portant l'Aquila ImpĂ©rial. Un servo-crĂąne flotte Ă  proximitĂ© dans la pĂ©nombre industrielle, tandis que des riviĂšres de mĂ©tal en fusion coulent sous des structures gothiques imposantes enveloppĂ©es de fumĂ©e et d'une brume Ă©clairĂ©e par des braises.

Réactivation des protocoles en cours, un rite sacré à la fois. Illustration par DWMIT.

La vallée dérangeante

Pyrgopolinices suscitait chez le Mechanicus un malaise que l'on aurait pu qualifier de viscĂ©ral — pour autant que les TechnoprĂȘtres ainsi affligĂ©s eussent conservĂ© de tels organes. Ses paradoxes provoquaient un profond inconfort, une rĂ©ponse presque instinctive et animale que nul augmĂ©tique n'avait su effacer. Les archives Ă©parses, toutes antĂ©rieures Ă  l'isolement multimillĂ©naire du systĂšme, promettaient un Monde Forge de taille modeste mais au climat favorable Ă  une productivitĂ© optimale, ceint d'une vaste ceinture de chantiers navals orbitaux. Le monde que la flotte Cognos Kathartis dĂ©couvrit se trouvait dans une orbite excessivement proche de son soleil, constamment bombardĂ© de radiations stellaires mortelles. Quant aux chantiers navals, ils Ă©taient tout simplement manquants — comme si des Ă©ons de dĂ©bris et d'Ă©paves pouvaient s'Ă©vaporer sans laisser de trace. Ces contradictions avaient semĂ© le doute : Ă©tait-ce vĂ©ritablement le Pyrgopolinices des archives ?

Les manufactorums dĂ©diĂ©s Ă  la construction, au renouvellement et Ă  la maintenance des chantiers orbitaux existaient bel et bien — leurs structures massives, pour la plupart intactes, tĂ©moignant d'une industrie jadis prĂ©pondĂ©rante. Comme le reste du Monde Forge, ils semblaient simplement en sommeil : les forges Ă©taient froides, les lignes d'assemblage figĂ©es dans un silence minĂ©ral. Nulle trace de lutte ou de sabotage ne permettait d'expliquer un tel abandon. Les Ă©ruptions volcaniques incontrĂŽlĂ©es et les rayonnements stellaires incessants n'auraient pu Ă  eux seuls justifier l'absence totale de la moindre trace de vie, mĂȘme passĂ©e.

Un paradoxe de trop

L'Adeptus Mechanicus dĂ©ployait dĂ©sormais des efforts incommensurables pour relancer ces installations. Son ambition Ă©tait de reconstruire les chantiers navals disparus, fournissant ainsi un point de chute aux groupes de combat de la flotte Quintus affairĂ©s dans le systĂšme Orestes. Pour organiser cette vaste entreprise, les Magi cherchĂšrent d'abord Ă  comprendre l'architecture administrative de Pyrgopolinices. Leurs investigations les menĂšrent au Panoptican, une structure gargantuesque qui servait de centre nĂ©vralgique Ă  l'ensemble des activitĂ©s industrielles. Une tour vertigineuse s'Ă©levait au milieu d'une disposition circulaire de complexes manufacturiers, tous orientĂ©s vers ce noyau de contrĂŽle. Les TechnoprĂȘtres y dĂ©couvrirent des registres fragmentaires, dont certains portaient la signature d'un Fabricator-General nommĂ© Gero.

Cette information ajoutait une impossibilitĂ© supplĂ©mentaire Ă  un systĂšme qui en comptait dĂ©jĂ  trop. Les donnĂ©es recueillies sur Harpax III plaçaient un Magos Gero Ă  la tĂȘte des centres de recherche durant et aprĂšs l'HĂ©rĂ©sie d'Horus. Comment ce mĂȘme individu aurait-il pu occuper simultanĂ©ment — ou successivement — la fonction de Fabricator-General sur Pyrgopolinices ? Les dates ne concordaient pas, les rĂŽles semblaient incompatibles.

Figé dans la roche

À dĂ©faut de rĂ©soudre ces incohĂ©rences si inconfortables, le Mechanicus les enterra profondĂ©ment dans ses banques de donnĂ©es — probablement non loin des informations originelles concernant le Monde Forge, celles-lĂ  mĂȘmes qui avaient Ă©tĂ© perdues et avaient conduit Ă  son oubli. AprĂšs tout, les adeptes de l'Omni-messie n'avaient pas de temps Ă  perdre, car en plus de redĂ©marrer tout un monde, il leur fallait Ă©galement y rĂ©cupĂ©rer les reliques archĂ©otechnologiques enfouies.

Certaines zones industrielles avaient Ă©tĂ© pĂ©trifiĂ©es par des Ă©ruptions volcaniques incontrĂŽlĂ©es — peut-ĂȘtre consĂ©quences du manque d'entretien, ou de quelque bouleversement plus ancien. Les cendres et la lave avaient figĂ© ces secteurs dans leur Ă©tat exact au moment de la catastrophe, les prĂ©servant des pillards, de l'Ă©rosion, et du temps lui-mĂȘme. Les secrets d'un passĂ© glorieux y sommeillaient, scellĂ©s dans leur gangue de basalte. Des lĂ©gions de serviteurs Ă©taient sacrifiĂ©es dans ces tombeaux volcaniques, mais Ulmyllon en fournirait d'autres, car tel Ă©tait l'effort Ă  fournir pour la quĂȘte du Savoir.